Atlas de la Biodiversité Côtière de la Métropole Nice Côte d'Azur

La bande côtière de la Métropole Nice Côte d'Azur (68 km de côtes sur les communes de Cagnes-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var, Nice, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Èze et Cap d’Ail) est composée d'une mosaïque d'habitats marins, des fonds sablo-vaseux sous l'influence du Var aux tombants rocheux abruptes, en passant par des herbiers de Posidonie denses. Si l’on dispose de cartographies à large échelle des habitats naturels marins, la connaissance fine de la biodiversité marine et notamment des zones de nurserie sur ce littoral restait lacunaire.

En 2018, la Métropole NCA s’est donc portée candidate pour un appel à manifestation d’intérêt pour l’établissement d’ABC, en proposant un Atlas de Biodiversité Côtière du littoral de la métropole, dont le principal objectif était d’approfondir la connaissance écologique et naturaliste de la bande côtière et particulièrement des zones de nurserie présentes sur les petits fonds côtiers. L’OFB a souhaité soutenir ce projet, à titre expérimental, hors du cadre des ABC conventionnels par une convention de subvention.

Le projet s’est décomposé en deux volets :

1. Améliorer les connaissances des zones de nurseries. Ce volet visait d’abord à cartographier les petits fonds côtiers (0-3m) en identifiant les zones particulièrement propices à la fonction de nurserie ; et ensuite, à évaluer la fonctionnalité de ces zones (intensité d’installation et de recrutement) en réalisant des comptages sur le terrain des juvéniles pendant les périodes favorables. Ces missions ont été confiées à des scientifiques (CSIL1, GIS2 Posidonie, P2A Développement, Septentrion Environnement).

En 2019, la première étude a parcouru 18,1 kilomètres de littoral de la Métropole Nice Côte d’Azur, soit 27% de sa longueur totale, en utilisant la plongée en palmes, masque et tuba. Entre 2020 et 2022, la seconde étude s’est concentrée sur l’évaluation de la distribution et de l’intensité des juvéniles dans les microhabitats agissant en tant que nurseries, à différentes saisons.  

Sur 68 km de linéaire côtier, 14,6 km, soit + de 20% du littoral, sont considérés comme des zones de nurseries composées d’une mosaïque de 26 microhabitats. Le secteur de Saint-Jean-Cap-Ferrat ouest est le secteur le plus propice à l’installation des juvéniles, avec des petits fonds très hétérogènes et plus d’une dizaine de microhabitats observés. Un total de 26 651 juvéniles de poissons a été dénombré parmi 28 taxons. Deux facteurs principaux spécifiques au littoral métropolitain jouent en faveur de ces nurseries :

• la diversité de microhabitats du littoral, interdépendants et complémentaires dans la mosaïque paysagère,

• les caractéristiques physiques et la structure tridimensionnelle des habitats, qui conditionnent la quantité d’abris et de ressources alimentaires.

Ainsi, les résultats ont montré des densités et des richesses spécifiques avec des variations significatives entre différentes zones, différents habitats et différentes saisons. Une zone dépourvue de juvéniles à une saison donnée sera au contraire celle en accueillant à une autre saison. Ces résultats sont l’illustration du concept de solidarité écologique entre zones du littoral, qu’il sera essentiel de préserver (cf. rapport final ABC et rapport technique en téléchargement).

2. Collecte de données actualisées et récurrentes sur la biodiversité côtière s’appuyant sur la participation des usagers de la mer, en particulier les plongeurs. Les sciences participatives ont été mobilisées tout au long du processus avec le soutien de l’association NaturDive et la formation de structures de plongée volontaires (MOANA, Nausicaa et le CIP) pour qu’elles puissent continuer leurs observations en conformité avec des protocoles scientifiques et contribuent ainsi en autonomie aux bases de données naturalistes des fonds sous-marins côtiers (cf. rapport final ABC et fiches d’observation en téléchargement).

Ces actions ont permis d’évaluer certaines espèces, habitats et écosystèmes et ont notamment permis de mettre en évidence  :

• le bon état des peuplements de poissons, particulièrement dans la zone Est du Cap Ferrat, tout en soulignant leur fragilité comme l’état préoccupant de la célèbre « grotte à Corail »,
• les dégradations dues à la sur-fréquentation estivale et les cicatrices de mouillage menaçant des habitats vitaux comme les herbiers de Posidonie et les récifs de Coralligène,
• l’évolution timide des populations de Mérou et de Corb, justifiant la reconduction des moratoires de protection.

Ce projet a permis de lancer un élan d’actions citoyennes assurant une meilleure préservation des écosystèmes marins et une amélioration des connaissances scientifiques. Des programmes scientifiques ouverts à tous, experts ou amateurs, où chacun peut volontairement collecter et partager ses observations sont proposés par des associations locales ou nationales, notamment BioObs, Cromis, LPO, MIRACETI, NaturDive, ObsEnMer.

Au-delà de l’amélioration des connaissances, les informations recueillies au cours de cette démarche constituent des outils précieux pour orienter les politiques d’aménagement du littoral, la gestion des activités en mer et la protection de la biodiversité marine.